Plateforme de compostage de Lomé (Togo)

La communauté urbaine de Lomé se trouve noyée dans des difficultés de gestion des déchets ménagers. En dépit du nouveau projet intitulé « projet PEUL (Projet Environnement Urbain de Lomé) », que pilote la municipalité de Lomé, on constate que le taux de collecte est rarement performant (environ 35%), si ce n’est dans certains quartiers privilégiés. Un réseau constitué de chercheurs, de membres d’ONG et d’agriculteurs tente de promouvoir le compostage décentralisé dans les quartiers en vue de maîtriser ce flux de déchets qui s’accumulent dans les dépotoirs intermédiaires.

Pour déterminer tous les éléments nécessaires aux paramétrages techniques du compostage, une première caractérisation physique des déchets a été réalisée sur deux saisons sur le site de la décharge de Lomé ; elle a aussi permis de connaître la composition du gisement, sachant qu’une telle étude n’a jamais été réalisée au Togo et plus précisément à Lomé. Dans le cadre de l’étude, l’échantillonnage a tenu compte de plusieurs paramètres : – le nombre de centres de transit, – le nombre d’habitants desservis par chaque centre de transit et – le nombre de tonnes entrant sur la décharge.

Le tri est effectué en trois fractions granulométriques et en 9 catégories compte tenu du niveau de dégradation avancé des déchets arrivant sur la décharge finale. Les résultats de la caractérisation des deux saisons (sèche et humide) donnent une forte proportion de fraction fine (46-56%). L’humidité moyenne varie de 15% en saison sèche à 44% en saison humide. La matière organique représente en moyenne 24-25% de déchets urbains avec un taux de 8-9% de matière organique dans la fraction fine, ce qui n’est pas un atout pour le compostage des déchets bruts mais surtout un inconvénient en raison du fort pourcentage de minéral (sable, gravier).

Une autre étude a été menée sur deux saisons sur les déchets directement collectés auprès des ménages et a donné un taux moyen de 70-80% de matière organique. Le traitement des déchets par compostage proche des ménages, dans les quartiers, est donc plus favorable que celui qui pourrait être réalisé sur la décharge finale.

Aussi une pré-étude de compostage dans deux quartiers de Lomé et le suivi agronomique à l’Université de Lomé ont été lancés pour optimiser le procédé et la qualité du compost produit en suivant les paramètres essentiels du compostage ainsi que les taux de récupération des matériaux recyclables, les besoins en eau et en personnels. Les résultats de cette étude sont satisfaisants et ont montré que le compost produit est concurrentiel aux produits actuellement utilisés par les agriculteurs de la commune ; une enquête effectuée donne un champ de marché pour le produit fini, le compost, mais aussi des perspectives intéressantes pour les matériaux recyclables triés. Ce projet peut ainsi contribuer à l’amélioration des conditions de vie de la population. Les activités prévues dans le court terme sont les suivantes: (1) la conception, la construction et l’exploitation d’une unité artisanale de compostage dans le quartier Agbalépédogan, (2) la mise en place de filières de valorisation de matériaux triés (plastiques souples, papiers-cartons), (3) la promotion du compost produit auprès des coopératives agricoles ; (4) le développement et la promotion des compostières familiales dans les quartiers reculés, (5) la sensibilisation, l’éducation et la formation des acteurs locaux et des populations en vue d’une meilleure utilisation de compost en agriculture.